Réhabilitation d’une ferme en ruine
2009 350 m² 550.000€ livré
Dans la réhabilitation, on ne part pas d’une page blanche. Au contraire, il est important de comprendre et de s’inscrire dans l’environnement naturel du bâti avec son identité locale et sa topographie unique. Il s’agit alors de valoriser l’existant en soulignant ses qualités par une intervention qui se doit respectueuse mais assumée. Dans ce sens, le renouveau de l’existant doit être lisible sans s’imposer.
La ferme des Bartavelles était complètement en ruine quand notre client l’a acquis. Mais malgré son état d’abandon avancé, elle n’avait rien perdu de sa superbe. Niché discrètement dans un paysage de pleine agricole, seuls quelques arbres centenaires annoncent de loin l’existence de ce lieu hors du temps.
Compacte et austère, la bâtisse principale a été édifié pour résister aux étés chauds comme aux températures glaciales des mois d’hiver. En réponse à ce climat rude, des murs épais en pierre du pays protègent bétail et habitant et des ouvertures de petites tailles assurent la ventilation et un minimum d’éclairage naturel, tout en réduisant efficacement les déperditions de températures.
La rénovation de ce Masse provençal consistait en la transformation des étables et du hangar agricole en surfaces habitables, complétée par la redistribution intégrale du logement paysan. Par la création de volumes généreux et fluides au rez-de-chaussée et le maintien de la structure très compartimentée de l’étage, les différents espaces de vie deviennent facilement perceptibles. Ainsi on retrouve au RdC tous les espaces de réception avec salons, salle à manger, bibliothèque et cuisine, tandis que le premier étage abrite 4 chambres avec leurs salles de bains individuelles.
Avec sa double hauteur, le volume aveugle au centre de la bâtisse, abrite les liaisons verticales. Pièce maitresse de cet espace singulier, est le très bel escalier provençal qui relie désormais les deux niveaux. Traversé par des passerelles aux lignes épurées, cet espace vide et peu exploitable à son origine, est réinventé par une écriture architecturale contemporaine & fonctionnelle.
Si l’intérieur du Masse a subi une transformation sans hésitation, l’intervention sur les volumes et les façades a été volontairement discrète. Ainsi, seules quelques ouvertures ont été agrandi pour créer des portes et portes-fenêtres. Les ouvertures à l’étage ont été conservé à l’identique.
La réutilisation de matériaux d’origine était une volonté clairement exprimé par le propriétaire. Ainsi, même les éléments neufs ont été construit avec des matériaux de récupération d’origine locale. Un exemple est la nouvelle dalle entre le RdC et l’étage qui, afin de rigidifier l’ensemble, a dû être reconstruit en béton armé.
Recherchant une authenticité régionale affirmée, le coffrage bas de ce plancher a été réalisé en utilisant la technique dite de la “caisse-plâtre”, typiquement provençal. D’autres exemples sont la serrurerie, les garde-corps et les menuiseries intérieures, provenant exclusivement de filières de récupération locales.
Les essences et matériaux locaux, la couleur de la pierre et les proportions fortes et austères, font de cette bâtisse un ensemble remarquable, marqué par les stigmates d’un climat rude. C’est cette authenticité identitaire que nous avons cherché à préserver, tout en offrant aux nouveaux habitants un cadre de vie contemporain en adéquation avec les techniques d’aujourd’hui. Ainsi l’histoire de ce Masse n’est pas seulement préservée, mais continue de s’écrire.
Rien ne pourra mieux exprimer la philosophie de nos interventions sur l’existant.
Photos : Michaël Zingraf